OUI, NOUS CHANGEONS L’EUROPE ! 29 LA FIN DU MYTHE QUAND ? DE L’AUTORÉGULATION C’est la grande question. De telles législations prennent plusieurs Pendant de longues années, la France a été une des seules à proposer années à voir réellement le jour. La Commission européenne a de fixer un encadrement au développement de l’économie du numérique. présenté ses propositions, le Parlement et le Conseil doivent Beaucoup d’acteurs européens et mondiaux ont longtemps refusé s’accorder sur un texte. Parmi les sujets que nous devrons trancher cette approche, privilégiant notamment l’autorégulation. Mais figurent des questions très importantes comme la taille des aujourd’hui, avec l’affirmation de la souveraineté européenne, nous entreprises qui seront concernées par ces règlements, la capacité avons été entendus : l’Union européenne va devenir la première réelle pour l’UE de faire appliquer les futures règles, voire la puissance à imposer une nouvelle organisation économique aux GAFAM possibilité de démanteler un acteur trop puissant. Tout est sur la table. après 20 ans de développement anarchique. La régulation des marchés du numérique avance plus vite Ces acteurs du numérique vont non seulement respecter que celle des services qui est plus complexe. Nous espérons ainsi un nos lois, mais aussi nos valeurs et nos choix de société. Et c’est un texte pour la présidence française de l’UE, c’est-à-dire entre janvier et véritable changement de paradigme : nous n’agirons plus après les juillet 2022. Pour des milliers d’entreprises européennes, cela « états de faits » imposés par les plateformes pour réparer les représentera une avancée considérable ! éventuels préjudices, nous fixons les règles pour que ces plateformes puissent opérer en Europe. Il s’agit bien sûr de renforcer les droits — NOS « AVENGERS » DU NUMÉRIQUE des utilisateurs, mais aussi d’encourager l’innovation en mettant fin aux pratiques anticoncurrentielles. Quatre de nos députés sont investis pour peser sur les négociations. — GOOGLE ET FACEBOOK FAVORISENT LA DIFFUSION DES FAKE NEWS Comme la chercheuse du CNRS Francesca Musiani l’a démontré, les grandes plateformes choisissent l’information qui nous est proposée grâce à une logique d’affinité et de proximité : les internautes citent, relaient, référencent ce qu’ils jugent intéressants. Or cela revient à donner la priorité aux contenus sensationnalistes qui retiennent davantage l’attention. — Stéphanie Yon-Courtin Une étude du MIT publiée dans « Science » démontrait SPÉCIALISTE DES QUESTIONS qu’une fake news se répand 6 fois plus vite sur internet DE MARCHÉ ET DE CONCURRENCE qu’une vraie nouvelle. QUELLES FUTURES RÈGLES DU JEU ? De manière très concrète, nous voulons une plus grande transparence sur le fonctionnement de ces plateformes, notamment sur leurs algorithmes. Nous demandons un système de modération efficace pour lutter contre les contenus illégaux, en permettant par exemple — Sandro Gozi aux acteurs de la société civile reconnus de faire retirer des publications SPÉCIALISTE DES QUESTIONS DE DÉSINFORMATION pédo-pornographiques sans attendre une décision de justice ET DU MARCHÉ UNIQUE DU NUMÉRIQUE ou le bon-vouloir de l’entreprise. Nous proposons également une coopération européenne obligatoire sur le traitement des contenus illicites, c’est-à-dire pouvoir permettre à une ville française par exemple de demander à AirBnB de retirer une location illégale même si le site est basé en Irlande. « De même que nous avons régulé les grandes banques dites « systémiques » — Valérie Hayer après la crise de 2008, nous régulerons SPÉCIALISTE DES QUESTIONS LIÉES AUX ENTREPRISES désormais les plateformes numériques, ET AUX PLACES DE MARCHÉ NUMÉRIQUES avec, comme pour les banques, des obligations graduées suivant leur taille. » — Thierry Breton — Stéphane Séjourné SPÉCIALISTE DES QUESTIONS D’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET D’ÉTHIQUE